La Diffusion Moderne De L’ayurveda

Premières Années

C’est dans les années 1980 que le développement de l’Ayurveda en Occident a commencé à gagner du terrain aux États-Unis et en Europe – apporté de l’Inde non pas par des médecins ayurvédiques, mais par des maîtres de yoga qui l’utilisaient principalement dans le contexte du maintien de la santé nécessaire au développement spirituel. Ainsi, l’Ayurveda a d’abord été connue et commercialisée comme un élément du bien-être, avant les premiers efforts d' »institutionnalisation » dans les domaines de la thérapie et de la médecine.

Dès le début des années 2000, des instituts d’Ayurvéda du monde entier – centres de thérapie ou écoles – ont commencé à former des associations professionnelles pour donner à l’Ayurvéda un visage public, présentable aux autorités locales et régionales. En 2009, le gouvernement indien a commencé à dialoguer avec cette nouvelle communauté ayurvédique internationale et à la soutenir. Mais celle-ci se trouvait encore à un stade de croissance organique où des normes et modèles internationaux officiellement reconnus faisaient défaut.

Alors que l’Ayurvéda est depuis longtemps un système médical officiel en Inde, au Sri Lanka, au Népal, en Indonésie et à l’île Maurice, ce n’est qu’à partir de 2010 que le reste du monde a commencé à suivre lentement le processus, dans le contexte émergent des médecines traditionnelles et complémentaires.

En 2010, l’OMS a publié des directives pour la formation en Ayurvéda. La première base de données au monde sur la recherche scientifique en Ayurvéda, avec des articles publiés dans des revues scientifiques, est en libre accès en ligne depuis 2011.

Institutionnalisation En Suisse

En vertu de son nouvel article constitutionnel adopté en mai 2009, la Suisse est devenue le premier pays occidental à inscrire dans sa Constitution la reconnaissance de la médecine traditionnelle et complémentaire. La communauté suisse de l’Ayurvéda s’est attelée à la tâche fastidieuse de réglementer l’Ayurvéda dans le cadre des nouvelles dispositions légales, et la Suisse joue ainsi un rôle de pionnier majeur dans la globalisation de l’Ayurvéda en tant que système médical.

Depuis 2009, sous l’impulsion de la Dre Simone Hunziker, directrice médicale et académique de SAMA, présidente de l’ASMTA (Association Suisse des praticiens en Médecine et Thérapie Ayurvédique) et plus tard Présidente fondatrice de ISA (Fondation Indo-Suisse pour l’Ayurvéda), les trois organismes ont embrassé cette cause et se sont engagés à contribuer à la promotion de l’Ayurvéda authentique, traditionnelle et de haute qualité. Dans ce processus, SAMA et ISA ont travaillé avec des institutions partenaires internationalement reconnues en Inde, et en coopération avec le gouvernement indien.

En 2009, des groupes de travail internationaux pour l’Ayurvéda ont été mis en place lors de la première réunion avec les délégués internationaux de l’Ayurvéda, organisée par le gouvernement indien à New Delhi, afin de définir une feuille de route et des normes pour la diffusion mondiale de l’Ayurvéda. AYUSH a désigné la Dre Hunziker, de Suisse, comme seule représentante des pays européens au sein du comité de pilotage.

La même année, SAMA a été la première institution privée étrangère à avoir signé un contrat avec le Central Council for Research in Ayurveda and Siddha (CCRAS) du Ministère pour les médecines traditionnelles de l’Inde (AYUSH) avec comme troisième partenaire Arya Vaidya Pharmacy Ltd. (AVP) à Coimbatore. Ceci a conduit à la création de la première base de données mondiale en ligne pour la recherche scientifique en Ayurveda (DHARA), pour des articles déjà publiés dans des revues scientifiques.

En tant qu’association bilingue qui compte des membres dans toute la Suisse, l’ASMTA était l’une des associations professionnelles ayurvédiques les plus vivantes d’Europe centrale, lorsqu’entre 2009 et 2015, avec l’autre association ayurvédique suisse (Schweiz. Verband für Maharishi Ayurveda), les membres de son comité ont œuvré pour que l’Ayurvéda soit réglementé pour les nouvelles professions menant aux diplômes fédéraux de praticien en médecine ayurvédique et de thérapeute en Ayurvéda. Ces nouvelles professions exigent des candidats qu’ils passent des examens professionnels supérieurs pour l’obtention des diplômes fédéraux sous l’égide du Secrétariat d’État à la ormation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI, anciennement OFFT).

Les premiers cours sur l’Ayurvéda dans une faculté de médecine suisse ont été données en 2012 à Lausanne, où la Dre Hunziker a été invitée pour enseigner les cours d’introduction à l’Ayurvéda, dans les cours à option du cursus régulier des étudiants en médecine, sous les auspices de l’Institut de recherche et de développement en médecine complémentaire du CHUV (Centre hospitalier universitaire vaudois).

En 2013, la Fondation Indo-Suisse pour l’Ayurvéda (ISA) a été créée sous la forme d’une Fondation à but non lucratif et à vocation internationale de droit suisse, dont le siège est à Genève. Ses membres fondateurs, collaborant depuis 2009, comprennent d’éminentes personnalités de la médecine ayurvédique et moderne, d’anciens diplomates suisses et indiens de haut rang, ainsi que des acteurs de la politiques professionnelles des deux pays. La Fondation promeut l’Ayurvéda en tant que système médical en Occident. Elle se considère comme un pont interculturel indispensable à la préservation des connaissances ayurvédiques dans le processus de leur transfert et de leur adaptation aux réalités et aux besoins locaux.

En 2014 et 2015, les règlements de la thérapie ayurvédique et de la médecine ayurvédique ont été approuvés et les deux disciplines ont été officiellement reconnues par les autorités suisses pour l’obtention des diplômes fédéraux respectifs.

En 2016, l’Organisation Faitière suisse pour l’Ayurvéda a été créée.

À la même période, la loi suisse sur les produits thérapeutiques a été révisée conformément au nouvel article constitutionnel, afin de faciliter l’accès des médicaments traditionnels au marché suisse. La nouvelle édition de la loi a été approuvée en 2019.

Depuis 2018, l’Organisation Faitière suisse pour l’Ayurvéda travaille avec Swissmedic (FDA suisse) à la constitution d’une liste de plantes à enregistrer en tant que produits thérapeutiques. La demande officielle a été soumise en 2018 et finalisée en début 2021. Par la suite, Swissmedic a entamé une collaboration avec la Indian Pharmacopoeia Commission. En 2023, elle a reconnu la Pharmacopée ayurvédique de l’Inde (API) et le Formulaire ayurvédique de l’Inde (AFI) comme références. Les 41 premières plantes ont été enregistrées en tant que produits thérapeutiques sur la liste TAS (Traditionnelle Asiatische Stoffe) en juillet 2023.

En 2023, la Suisse reste le seul pays occidental à avoir inscrit dans sa constitution la reconnaissance de la médecine traditionnelle et complémentaire, à disposer de diplômes reconnus par le gouvernement dans le cadre de professions nouvellement créées et remboursées, et à avoir accès aux produits ayurvédiques sous la forme de produits thérapeutiques remboursés.

International

Depuis 2009, la communauté ayurvédique internationale participe régulièrement à des réunions avec les représentants de l’Ayurvéda indien et le gouvernement indien. Sous la direction de AYUSH, des groupes de travail internationaux ont travaillé sur des sujets fondamentaux tels que l’éducation, la promotion, la pratique clinique, la recherche scientifique, l’assurance qualité en ce qui concerne la production pharmaceutique, la législation et les règles du commerce international.

En 2010, l’OMS a publié les benchmarks pour la formation en Ayurveda.

Sous la direction du Premier ministre Narendra Modi, l’Inde a entamé en 2018 une collaboration active avec l’OMS afin de promouvoir l’Ayurvéda en tant que système médical au niveau mondial.

En 2018 et 2019 ont eu lieu en Inde les deux réunions historiques des groupes de travail de l’OMS avec des experts internationaux de l’Ayurvéda pour la rédaction des benchmarks pour la pratique clinique de l’Ayurvéda à Jaipur, respectivement pour la mise à jour des benchmarks pour la formation en Ayurvéda à Jamnagar. Les documents officiels ont été publiés début 2022.

À la même époque, les Terminologies Internationales Standard pour l’Ayurvéda ont été publiées et la Classification Internationale des Maladies (ICD) pour l’Ayurvéda a été rédigée.

En 2022, le centre mondial de l’OMS pour la médecine traditionnelle a été inauguré à Jamnagar, dans l’État du Gujarat, en Inde.

Outre le Népal, le Sri Lanka, l’Indonésie et l’île Maurice, il y a le Pakistan, le Bangladesh, la Malaisie, les Emirats Arabes Unis, le Oman, l’Arabie Saoudite, le Bahreïn, la Suisse, le Cuba, le Brésil et la Tanzanie qui reconnaissent l’Ayurveda comme système médical traditionnel. La Roumanie, la Hongrie, la Serbie, la Lettonie et la Slovénie sont cinq pays de l’Union Européenne qui ont régulé la pratique ayurvédique1.

Grâce à l’évolution récente de l’OMS et au travail de promotion du gouvernement indien, aussi en réponse à un besoin urgent en matière de santé publique mondiale, plusieurs autres pays ont emprunté le chemin vers une reconnaissance de l’Ayurveda comme un système médical et prennent les dispositions nécessaires à sa mise en œuvre.

1 Press Information Bureau (PIB) Delhi, 30 JUL 2021